FORMATIONS


C'est la troisième fois que le Secteur Langues (M-A. Médioni) intervient à l'invitation de l'association belge Lire et Ecrire : Universités d'Automne en novembre 2004 et 2005 et maintenant Lire et Ecrire Bruxelles, en avril 2006. Les participants sont des formateurs en alphabétisation, surtout, et en FLE, pour quelques-uns, qui s'adressent principalement à un public non alphabétisé, issu de l'immigration, souvent de primo-arrivants.

La formation proposée repose sur quatre points essentiels :

• l'enseignement-apprentissage d'une langue étrangère : le français, même s'il est la langue parlée dans l'environnement quotidien, n'en reste pas moins une langue étrangère pour les apprenants

• le rapport à l'écrit : ce n'est pas parce que ces apprenants ne sont pas alphabétisés du tout, ou non alphabétisés en français, que l'écrit ne fait pas partie de leur environnement immédiat et qu'il n'y ont pas recours d'une façon ou d'une autre. On peut donc utiliser l'écrit dans la formation, tout comme on utilise l'écrit en classe maternelle, avec de petits enfants qui ne savent "pas encore" lire et écrire, différencier la question de la lecture et de la production écrite, utiliser les compétences du formateur qui écrit "sous la dictée"

• la spécificité de la situation : les apprenants vivent en Belgique, dans un environnement de langue française. Ils ne sont donc pas totalement ignorants dans cette langue, ils sont peu ou prou en contact avec elle, sont amenés à l'utiliser nécessairement — ne serait-ce qu'en compréhension, même de façon limitée — ils sont déjà familiarisés avec un certain nombre d'aspects, ont un peu de vocabulaire, et même de syntaxe, etc. Et surtout, ils la maîtrisent à des degrés divers dans le groupe d'apprenants, forcément hétérogène. Voilà deux points d'appui importants : les savoirs existants et l'hétérogénéité

• la rupture avec l'utilitaire : même si ce type d'apprenants est en situation d'urgence — apprendre à lire, écrire et parler, le plus rapidement possible, pour pouvoir trouver un emploi — la situation d'apprentissage ne doit pas obligatoirement coller à une demande strictement utilitaire, même exprimée explicitement. Le recours au détour, à l'imaginaire, à l'insolite est, ici, aussi capital que dans la situation scolaire : on peut, par exemple, rêver de ce qu'on mettra pour aller à une fête et le raconter, au téléphone, à une amie, et au passage, feuilleter des revues et apprendre plein de choses les vêtements, le maquillage, les parfums… choses futiles, s'il en fut ! ; s'imaginer comme agence de voyages et fabriquer un dépliant qui comportera tous les descriptifs nécessaires et les informations pratiques en termes de dates, horaires, tarifs, etc. ; jouer au jeu des 7 familles pour connaître tout ce qu'il faut pour préparer un goûter d'anniversaire, une fête, s'installer comme jeune ménage dans un nouvel appartement, choisir des cadeaux, etc.  ;  ou bien, plutôt que de rédiger un CV, se trouver dans une commission qui auditionne des candidats pour un emploi et décide des critères à retenir, aussi bien sur le plan de la langue que sur celui des codes culturels.

Le stage s'est terminé par l'élaboration d'ateliers qui seront envoyés à tous les participants. Cette expérience, menée depuis 3 ans, nous a conduits à approfondir notre travail, au Secteur Langues, en ce qui concerne le FLE et le travail avec les primo-arrivants.

Maria-Alice Médioni

 

 

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